entretien

Se faire aider par un psychologue pour sortir de l’impasse

Publié le 10 juillet 2019 par Pion Denise

Le psychologue intervient lors d’un problème comportemental ou d’une frustration. De manière générale, il cherche à comprendre les sentiments et les comportements d’un individu et lui apporte son expertise pour que la personne puisse retrouver un meilleur bien-être à la fois émotionnel et psychique. On peut dire que le psychologue permet à son patient de se reconstruire et de mieux comprendre ses propres problèmes. Afin de vous aider à mieux appréhender cette discipline, nous vous invitons à suivre les propos de Céline Froese.

 

Céline exerce la profession de psychologue depuis plus de 20 ans. Elle est titulaire d’un master 2 en psychopathologie clinique. Elle a également approfondi l’hypnose ainsi que la thérapie familiale. En plus de travailler en institution et en centre médico-psycho-pédagogique, elle reçoit aussi ses patients à titre libéral au sein d’un cabinet où elle collabore avec d’autres psychologues.

 

Céline Froese intervient dans le cadre d’accompagnement d’enfants, d’adultes, de violences ou maltraitances, de dysfonctionnement familiaux et de thérapie de couple. Ce qui lui importe est d’aider son prochain à surmonter les problèmes et de vivre plus sereinement.

 

Céline, comment faites-vous pour séparer votre vie de psychologue de votre vie personnelle ? N’êtes-vous jamais tentée de psychanalyser votre entourage ?

 

Difficile… Ce travail mobilise beaucoup d’énergie, il en reste parfois trop peu pour être disponible comme il le faudrait pour ses proches, pas toujours simple pour mes enfants. Nous portons toujours un peu nos patients, certains plus que d’autres, à des moments plus intensément que d’autres et c’est nécessaire pour eux, lourd parfois pour nous, d’où l’importance d’un lieu de supervision afin d’y partager un peu de cette charge, de bien « trier » parmi les émotions qui nous traversent au cours des séances ce qui nous appartient et ce qui appartient à nos patients. 

En revanche, non, jamais je ne psychanalyse mes proches, c’est impensable, au contraire, je suis comme tout un chacun qui essaie de faire au mieux …

 

 

Comment faites-vous pour déterminer la meilleure approche face à un patient ? La thérapie est-elle la même pour un adolescent et un adulte ?

 

La meilleure approche se dessine progressivement avec chaque patient, pour certains, il s’agit, par exemple, de travailler très rapidement sur des points clefs de leur histoire qui les ont bouleversés, traumatisés.

Pour d’autres, en revanche, la confusion dans laquelle ils se trouvent de nommer tout simplement ce qui leur arrive, ils disent « je vais mal, ça va pas, j’ai envie de rien, mais je sais pas pourquoi » nécessite des détours, de prendre le temps, de les accompagner avec attention afin de saisir ce qui les paralyse, les empêche.

Pour un adulte qui se présente seul la question de qui recevoir ne se pose pas, il s’agit simplement de s’adapter au plus juste par rapport à ses besoins, ses défenses, par exemple, mesurer la distance.

Pour certains, nos mots sont de trop, les encombrent, il s’agit d’être très silencieux, pour d’autres, il est fondamental de soutenir par nos mots, nos questions.

Nous pouvons également décider d’employer l’hypnose pour un moment, une difficulté particulière, jamais avec d’autres, certains s’allongent sur le divan d’autres non, c’est variable.

 Mais, le cadre ne change pas, la régularité, ma présence, mon écoute et mon engagement sont toujours là.

 Pour des adolescents, il faut se poser la question de la place à faire ou pas aux adultes qui l’accompagnent. Parfois, il sera capital de recevoir finalement toute la famille, parfois juste le jeune, c’est indéfinissable avant le premier entretien, cela se détermine ou se dessine en tout cas un peu, parfois, dès l’appel téléphonique. Savoir qui recevoir pour une consultation avec un ado c’est déjà être au travail avec lui.

Pour le reste, les consultations auront une variabilité semblable à celles des adultes.

 

 

D’après votre expérience, quels sont les problèmes que rencontrent souvent les couples ces dernières années ? Les couples font-ils face à de nouveaux défis actuellement ?

  

Je pense que les défis sont les mêmes pour la plupart que depuis que l’homme parle et que la sexualité ne relève plus d’un instinct, d’une pure donnée de la nature !

Ainsi, le problème le plus fréquent concerne la sexualité, sont-ils normaux ? Leur désir est en berne qu’est-ce que cela signifie ?

Ils ont à explorer alors tous les non dits, tabous qui souvent sont très enfouis, faits de mauvaises rencontres passées ou de représentations enfermantes, la sexualité c’est comme ci ou comme ça.

La sexualité est un peu comme le thermomètre de la santé du couple (quelle que soit la forme qu’elle prend) lorsqu’on s’en plaint c’est que quelque chose dysfonctionne dans le couple.

Alors, en parler, exprimer ses inconforts, s’ouvrir en confiance à l’autre permet le plus souvent de découvrir une possibilité de sexualité partagée propre à son couple.

Un élément cependant contemporain pas simple pour nos jeunes est la pornographie très accessible qui les déroutent, les précipitent dans un « faire l’amour » codifié terrifiant ! 

L’autre problématique depuis toujours réside dans cette question sans âge : comment faire alors que l’autre est si différent, pense différemment, vit différemment ? Et oui, être à deux c’est forcément autre chose, l’illusion du « nous sommes pareils et fait l’un pour l’autre » s’estompe vite. Chacun le sait, un cap est alors à franchir, un passage  d’une désillusion à un couple d’individu différencié qui trouve un nouvel équilibre. Pas toujours facile et sujet à de nombreuses demandes de thérapie de couple ! 

Certaines questions sont sans doute plus sociétales, les jeunes se « mettent en couple » comme ils disent très tôt et souvent cela dure, comme un espace de sécurité dans un monde qui leur fait peur. 

Le couple est souvent surinvesti, il doit être parfait, d’ailleurs j’entends de plus en plus souvent les couples en parler ainsi « nous devons travailler sur notre couple » c’est étonnant que cette phrase ne choque même plus, c’est ainsi comme au boulot, il faut réussir son couple comme sa vie professionnelle, comme s’il y avait des « bonnes recettes  » pour cela. La singularité de chaque couple qui s’invente et se réinvente tout au long de sa vie est comme déniée, il faut …, il faut ceci ou cela, les couples s’oublient derrière des normes supposées communes. Cela les fait très rapidement souffrir et parfois consulter.

 

 

Pouvez-vous donner un conseil à nos lecteurs qui élèvent des adolescents ? Comment rester calme face à la crise de la puberté ?

 

Savoir que l’adolescence ne se guérit pas, elle s’accompagne simplement !!

Il est important de ne pas oublier que les adolescents traversent les affres des mutations qui vont les rendre adultes. Ils se cherchent, ils ont besoin de s’affirmer ce qui se fait le plus souvent auprès de leurs parents, il faut supporter leur agressivité, parfois leur haine, mais aussi leur régression, ils sont parfois comme des tous petits qui ont besoin de se blottir, surtout pas de moquerie, ils sont bien souvent hyper susceptibles.

Ils sont aussi très à cheval quand à la question de la justice, ils ont besoin de faire l’expérience de la légitimité des cadres que souvent ils contestent, ils vont avoir à se l’approprier, leur besoin d’être respecté est très grand, notre vigilance à cet égard doit l’être aussi, ils sont grands et entendent bien être traités comme tels. 

Nous sommes pour eux des « vieux qui n’y comprennent rien » et c’est bien ainsi ! Attention, nous avons à  accepter cela, les parents doivent faire face depuis leur place d’adulte, faire face à leur propre vieillissement sans en encombrer leurs ados.

Les jeunes les plus irascibles sont les moins sécures, ils ont besoin d’être sans cesse rassurés, qu’on leur témoigne de la confiance malgré la peur qu’inspire parfois leurs comportements limites.

Chacun finalement doit faire le deuil de ce qu’il a été, pour lui même et pour l’autre, les parents seront parents d’adultes, l’enfant si choyé, idéalisé parfois, surinvesti souvent échappe, se transforme, se différencie, s’affirme, est en partance, il déidéalise lui aussi ses parents, ils ne sont plus l’unique référence, ils deviennent pour un temps « transparents », c’est un chemin pour se retrouver autrement, plus s’assurer de soi-même.

 

 

Les méthodes d’approche durant une consultation

 

Le psychologue adapte sa méthode selon le patient et suivant l’étendue des problèmes à résoudre. L’approche est assez délicate car il faut mettre en confiance le patient et l’inciter à se confier en toute liberté. Aucun jugement ni reproche ne doit être tenté par le psychologue pour que l’intervention soit une réussite.

 

Pour en savoir plus : https://www.celine-froese.fr/